3 clés pour une organisation du soir plus sereine

Dans cet article, nous laissons la parole à Emma Lagarrigue, formatrice en discipline positive et auteur du blog Parent Plus Qu’imparfait, qui nous livre ses meilleurs conseils pour mieux s’organiser le soir dans notre vie de famille.

Lorsqu’on est parent, la fin de journée rime rarement avec détente et sérénité. On parle plutôt d’une troisième journée qui commence depuis le réveil du matin-même ! Ce véritable marathon ne serait pas un problème si l’organisation du soir se déroulait sans encombre…

Malheureusement, les fins de journée sont souvent source de frustration, d’incompréhension et de manque de coopération et les choses se passent rarement comme on le souhaiterait. Vous savez, quand vous avez demandé à votre aîné de sortir le poulet du congélateur à 14h et que lorsque vous rentrez à 19h, vous constatez avec désolation que ce dernier (je parle du poulet…) dort toujours dans le fond du congélateur ?

Et puis, autant dire qu’après une journée éreintante, notre patience et notre bienveillance ne sont plus tellement au rendez-vous…

Heureusement, il existe plusieurs façons de gagner en sérénité dans votre organisation du soir. Je vous livre 3 clés dans cet article.

Le temps de pause : s’arrêter pour mieux repartir

Quand la coupe est pleine

Il est 18h30. Votre journée s’est très mal passée. Vous vous êtes embrouillé avec l’un de vos collègues, votre patron vous a demandé de refaire le dossier pour lequel vous vous êtes donné tant de mal et en plus de ça, vous vous  retrouvez coincé dans un embouteillage !  Heureusement, vous êtes bientôt arrivé à la maison.

« Heureusement », c’est vite dit… Vous arrivez enfin chez vous et les galères continuent. Vous vous prenez les pieds dans un cartable qui traine au milieu du couloir, l’évier déborde de vaisselle sale et vous découvrez que le fameux poulet n’a pas été sorti du congélateur… Cette fois c’est trop, la coupe est pleine ! Vous explosez. Les enfants se font petits mais bizarrement, ils sont à peine plus coopératifs…Pour l’ambiance zen, on repassera.

Que s’est-il passé ? Durant la journée, nous avons emmagasiné énormément de frustration et de stress. Une fois chez nous, et compte tenu des circonstances, notre stress continue de croître. Alors, à un moment, notre cerveau se met à disjoncter, tout simplement. Nous ne sommes plus du tout en mesure de raisonner, de réfléchir ou de nous exprimer de façon constructive.

Il existe trois types de réponses face au stress que nous vivons : l’attaque, la fuite ou l’immobilisation. Sachant que le soir, nous nous retrouvons avec nos proches, il est possible que nous choisissions l’attaque en déchargeant sur eux toutes les tensions accumulées au cours de la journée.

Alors, comment éviter cette situation ? Comment faire pour nous recentrer et garder notre sang-froid sans pour autant conserver cette frustration au fond de nous ?

Le temps de pause

Pour ne pas se retrouver dans une situation que l’on regrette, la Discipline Positive nous invite à prendre un moment pour retrouver notre calme et ainsi éviter les réactions à chaud. On parle alors du temps de pause. Le temps de pause, c’est une action très rapide (pas plus 5 minutes) à réaliser quand nous sentons que le couvercle est prêt à sauter. L’objectif du temps de pause ? Retrouver une certaine sérénité ou du moins, faire descendre la pression afin d’éviter de se retrouver en prise directe avec notre stress.

Dans les faits, comment ça se passe ?

Vous avez passé une dure journée. Il est de votre survie mentale (et de celle de votre famille !) de réaliser un temps de pause avant de retrouver vos proches, tel un sas de décompression. Voici quelques idées :

• Se garer un peu plus loin / descendre une station avant pour marcher quelques minutes afin de s’aérer l’esprit. Concentrez-vous sur votre respiration et vos sensations corporelles.
• Durant le trajet, écouter une musique qui met en joie ou qui détend et si vous le pouvez, lâchez-vous !
• S’arrêter chez le fleuriste, même si vous n’achetez rien, et laisser parler ses sens.
• Regarder une vidéo de son humoriste préféré.
• Regarder une photo qui rend heureux.
• Une fois rentré, direction la chambre ou la salle de bain pour prendre une douche, se démaquiller ou tout simplement se changer.

En testant un temps de pause qui vous correspond, vous verrez à quel point ces quelques minutes peuvent jouer un rôle crucial sur le reste de votre soirée.

La connexion, le secret de la coopération

Retour à la maison : notre troisième journée commence

Une fois de retour à la maison, c’est branle-bas de combat : goûter, courses, lessives, devoir, couche du petit dernier à changer, repas, bains, coucher… Sauf que malheureusement, ça ne suit pas toujours du côté des enfants et il n’est pas rare de devoir leur répéter 50 fois les mêmes choses. Et n’ayons pas peur des mots, c’est usant. Nous sommes tellement accaparés par notre quotidien et les tâches à accomplir qu’on en oublierait presque pourquoi on a fait des enfants.

Alors prenons de la hauteur un instant et faisons un bond en arrière pour tenter de nous rappeler pourquoi nous avons voulu fonder une famille. Nous rêvions certainement de construire une relation d’amour inconditionnel et de passer de bons moments en famille.

Le secret pour renouer avec notre motivation intrinsèque et aussi favoriser la coopération de notre enfant, c’est d’entretenir le lien avec notre enfant en nous connectant avec lui avant même de commencer les tâches du soir. Connectons-nous à son cœur avant de nous connecter à son cerveau.

Le pouvoir de la connexion

A peine rentré à la maison, prenez 10 à 15 minutes avec vos enfants. Vous pouvez réaliser un jeu en famille, faire une bataille de guilis, improviser une boum, discuter autour d’un chocolat chaud, rentrer dans leur univers… Bref, faites place au plaisir avant même de vous atteler aux tâches du soir. Vous pensez ne pas avoir le temps de le faire, surtout que vos enfants ne vous aident pas beaucoup ? Faites le test et vous verrez qu’en « perdant » du temps à vous connecter avec eux, vous en gagnerez sur votre soirée et ce, pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, c’est que vous aurez tous sécrété les hormones du bien-être et de l’attachement. La bonne humeur aura donc chassé le stress de la journée. La deuxième raison, c’est de prendre conscience que connecter permet d’enseigner. En effet, l’être humain écoute mieux et est davantage coopératif lorsqu’il a le sentiment d’avoir été compris et écouté. La troisième raison, c’est que la connexion permet de créer des souvenirs, ce genre de moments inoubliables qu’on n’échangerait pour rien au monde.

L’importance des routines

Ca y est, vous avez pris du bon temps avec votre enfant et vous avez pu établir une réelle connexion entre vous. Maintenant, il faut passer aux choses sérieuses. La bonne nouvelle, c’est que vous et votre enfant êtes désormais plus sereins et plus à mêmes de coopérer. L’un comme l’autre.

Pour continuer la soirée dans la bonne humeur et éviter de donner des ordres à votre enfant, vous pouvez vous appuyer sur un tableau de routines. Cet outil très concret permet d’autonomiser son enfant et de favoriser chez lui l’autodiscipline.

Le mot « routines » ne fait pas rêver et pourtant, son intérêt chez les enfants est triple. Les routines permettent d’instaurer un cadre, de favoriser l’autonomie de l’enfant mais aussi de l’encourager, en lui montrant qu’il est capable de faire beaucoup de choses par lui-même.

Pour qu’un tableau des routines soit efficace, il est essentiel de le construire ensemble. La réalisation du tableau fait partie intégrante du processus car l’enfant doit se sentir acteur. Ce moment passé ensemble à créer ce tableau est l’occasion de poser les choses à plat et d’échanger de façon constructive : toutes les tâches sont-elles indispensables ? Quel est le besoin derrière chaque routine ? Quel est le problème et à qui ce dernier appartient-il si une routine n’est pas réalisée ? Est-ce que certaines routines pourraient être adaptées afin que l’enfant se sente plus à l’aise ?

De plus, la réalisation d’un tableau de routines pousse à la créativité. On peut faire des dessins, mettre des photos, coller des icônes trouvées sur Internet, écrire… Bref, tout est permis ! Ce qui compte avant tout, c’est que l’enfant s’approprie l’outil.

Alors, prêt à passer des soirées plus sereines ?